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| - Catégorie:Citation Catégorie: Essai sur l'origine des langues Catégorie: Rousseau Catégorie: 1761 Catégorie: français Catégorie: langue Catégorie: écriture Catégorie: orthographe (Fragment “Prononciation”, 1761; in Pléiade, OC (1964), t. 2, p. 1248 sq.) Voir aussi, dans l’”Essai sur l’origine des langues” (1764, pub. 1781): L’écriture, qui semble devoir fixer la langue, est précisément ce qui l’altère; elle n’en change pas les mots, mais le génie ; elle substitue l’exactitude à l’expression.
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abstract
| - Catégorie:Citation Catégorie: Essai sur l'origine des langues Catégorie: Rousseau Catégorie: 1761 Catégorie: français Catégorie: langue Catégorie: écriture Catégorie: orthographe (Fragment “Prononciation”, 1761; in Pléiade, OC (1964), t. 2, p. 1248 sq.) Les langues sont faites pour être parlées, l’écriture ne sert que de supplément à la parole; [...] Le plus grand usage d’une langue étant donc dans la parole, le plus grand soin des Grammairiens devrait être d’en bien déterminer les modifications; mais au contraire ils ne s’occupent presque uniquement que de l’écriture. Plus l’art d’écrire se perfectionne, plus celui de parler est négligé. On disserte sans cesse sur l’orthographe, et à peine a-t-on quelques règles sur la prononciation. Cela fait que la langue en se perfectionnant dans les livres s’altère dans le discours. Elle est plus claire quand on écrit et plus sourde quand on parle; la sintaxe s’épure et l’harmonie se perd. La langue françoise devient de jour en jour plus philosophique et moins éloquente, bientôt elle ne sera plus bonne qu’à lire, et tout son prix sera dans les bibliothèques. S’il y avoit une liaison moins nécessaire entre la langue écrite et la langue parlée, elles s’éloigneroient insensiblement et se sépareroient tellement l’une de l’autre qu’elles formeroient à la fin deux langues différentes comme il est arrivé au latin et à l’italien. Car la prononciation changeant toujours et l’orthographe restant la même on écriroit d’une manière et l’on parleroit d’une autre jusqu’à ce qu’enfin l’on eut deux idiomes au lieu d’un. Ce qui empêche que cela n’arrive communément ainsi est que les altérations de la parole se transmettent enfin dans l’écriture. L’écriture n’est que la représentation de la parole, il est bizarre qu’on donne plus de soins à déterminer l’image que l’objet. Voir aussi, dans l’”Essai sur l’origine des langues” (1764, pub. 1781): L’écriture, qui semble devoir fixer la langue, est précisément ce qui l’altère; elle n’en change pas les mots, mais le génie ; elle substitue l’exactitude à l’expression.
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