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| - En complément de E-learning et cours magistral: Le débat sur la pédagogie applicable aux nouvelles générations, s’agissant de l’école en particulier (voir par exemple ici), tend à s’enfermer dans un opposition binaire entre transmission et modernité. Ce qu’exprime très bien le professeur Benton, c’est que dans l’éducation, il s’agit toujours de mettre en couple tradition et modernité: et, donc, plus précisément de relier les générations.
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| - En complément de E-learning et cours magistral: Le débat sur la pédagogie applicable aux nouvelles générations, s’agissant de l’école en particulier (voir par exemple ici), tend à s’enfermer dans un opposition binaire entre transmission et modernité. Ce qu’exprime très bien le professeur Benton, c’est que dans l’éducation, il s’agit toujours de mettre en couple tradition et modernité: Un des objectifs de l’enseignement, (..) est de traiter les différences, réelles ou imaginées, entre les générations. Ce qui signifie aujourd’hui rencontrer les “digital natives” où ils sont, mais cela signifie aussi attendre d’eux qu’ils rencontrent les “digital immigrants” - ceux qui n’ont pas été élevés devant un micro-ordinateur - où ils sont. et, donc, plus précisément de relier les générations. Cette tâche, constitutive de l’ambition éducative, exige aujourd’hui un souci d’autant plus appliqué que l’effet de l’accélération des évolutions techno-informationnelles se trouve en quelque sorte mis au carré du fait que les nouvelles techniques favorisent l’intégration horizontale intra-générationnelle. Jean-Luc Raymond, sur le site de l’EPN, rend compte des travaux de Dominique Pasquier: Les technologies ont tendance à renforcer des différences intergénérationnelles et donc des clivages entre les âges. A la différence des générations présentes où les objets technologiques étaient “contrôlés” dans le foyer (exemple du téléphone fixe dans une pièce à disposition de tous), le téléphone mobile (GSM) utilisé par l’adolescent fait qu’il n’y a plus de rupture communicationnelle avec les personnes de son âge à l’issue du temps scolaire et de loisirs. Cette communication générationnelle est renforcée par la continuité d’usages des outils. Dominique Pasquier cite l’exemple de la chambre du jeune devenue de plus en plus un refuge où se trouvent ces outils et où les pratiques se construisent. De ce fait, les adolescents sont dans une sociabilité horizontale et dans un conformisme renforcé. Ailleurs (Google generation ?), je note que l’accent mis sur la coupure générationnelle tend à occulter d’autres déterminations qui entrent dans l’équation d’une stratégie pédagogique, en particulier les classiques déterminatons socio-culturelles. Cependant il faut noter que les déterminations générationnelles ne sont pas indépendantes des déterminations socio-culturelles: selon l’enquête Ithaque de 2007 pour le CNL, par exemple, si les adolescents qui lisent le moins de livres (25%) sont aussi ceux qui passent le plus de temps sur internet, leurs parents n’utilisent jamais un ordinateur, à l’inverse les parents des adolescents qui lisent le plus de livres (8%) utilisent souvent un ordinateur et régulent l’usage de l’internet et des jeux vidéos de leurs enfants (je me recopie). C’est-à-dire qu’on assiste, pour les milieux à fort capital culturel, à une transmission inter-générationnelle de ce qu’on pourrait appeler une méta-compétence informationnelle et qu’il existe une forte corrélation négative entre le capital culturel et la fracture numérique générationnelle. Il est par suite remarquable et explicable à la fois que les résultats les plus spectaculaires de l’expérimentation Med@tice se montrent dans le “lissage” des inégalités socio-culturelles. En traitant la fracture générationnelle, on traite du même coup la fracture culturelle dans la mesure où les étudiants les plus handicapés par la première sont aussi ceux qui disposent du moindre capital culturel familial. Où l’on voit - tout en gardant en mémoire que l’expérimentation Med@tice vise le public très particulier des étudiants en médecine - que, pour l’enseignement, l’opposition des objectifs d’égalité et de transmission n’est pas irréductible.
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