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| - — Nous avons pris la main que l’Alliance nous a tendue. Nous l’avons soutenue, et regardez ce qu’elle nous a donné. En tant que nation, nous sommes plus pauvres, tandis qu’elle récolte le bénéfice de nos contributions... Il y a eu les orcs... des bêtes sanglantes et sauvages. Vous les avez vus, vous avez vu ce dont ils sont capables... Maintenant Terenas veut encore plus d’or. Et sans doute encore plus de notre sang. Eh bien je dis non ! » Les paroles de Genn étaient prononcées avec toute la certitude d’un homme qui a reçu une vision. « Le mur devra traverser les terres d’un noble. Vous devrez vous en préoccuper, sire. Aucune de nos frontières naturelles ne convient à ce projet. Elles sont trop perméables. — Bien sûr que j’en tiendrai compte ! Qui que ce soit, il recevra des compensations, ainsi que tous les paysans et les citoyens de son domaine. » Godfrey but une autre gorgée de vin, réfléchissant à toute allure, calculant ses options et étudiant la carte. Il s’appuya contre le dossier de sa chaise. « D’après cette carte, il semblerait que vous voudriez utiliser le fief du seigneur Marley. Mais regardez ce terrain, sire... Nous avons une région montagneuse juste ici. Cela formerait une excellente barrière, avec des montagnes de chaque côté qui formeraient une frontière naturelle sûre. — Vous avez raison. — Bien sûr, pour y parvenir, il faudra nous couper d’une partie des terres du seigneur Crowley. Abandonner Bois-du-Bûcher et Moulin-de-l’Ambre. — J’y avais pensé moi-même auparavant. C’est un bon axe pour construire le mur. Mais... Crowley est puissant. Il a beaucoup d’influence, autant que vous-même, Godfrey. Il risque de très mal le prendre. — Non... Vous avez raison. Cependant, il devrait admettre que ce choix est raisonnable. C’est ce qui est le mieux pour Gilnéas. N’importe qui peut voir que cela nous permettra de construire une barrière impénétrable, insista Godfrey, buvant le reste de son vin en attendant la réaction de Genn. — Tout à fait, Godfrey. Et, bien sûr, cela donnerait à votre fief la meilleure position stratégique, car il deviendrait une zone tampon avec l’extérieur. Vos terres seraient voisines du mur. — Sire, je ne me soucie que de trouver le meilleur emplacement pour Gilnéas. J’espère que vous ne supposez pas que... — Taisez-vous, Godfrey. Vous avez parfaitement raison. Je le vois bien... Et ce, quelles que soient vos motivations, mon vieil ami. — Sire, je... — Construire le mur en s’appuyant sur ces montagnes, avec le fief de la Porte comme zone tampon, assure effectivement notre sécurité. Votre logique est impeccable, seigneur Crowley... Darius devra comprendre la situation. Godfrey termina sa coupe et la remplit rapidement. Il devrait se passer de vin et de bière dans les prochaines années, il le savait. Mais aujourd’hui, comme les gens disent sous les climats tropicaux près de Baie-du-Butin, il avait transformé des « citrons en limonade ». Il lutta contre une envie irrépressible de sourire. « Nous devons convoquer immédiatement le conseil des nobles, déclara Godfrey en se levant. C’est la bonne voie, sire, même si elle semble précaire. — Je le sais bien... » Genn semblait hypnotisé par les flammes vacillantes des bougies. « Mais imaginez... imaginez comme notre avenir serait brillant sans interférences de l’extérieur. Prenez le temps d’imaginer cela... »
* * * Les navires affrontaient les vagues gigantesques, se dirigeant les uns vers les autres en exécutant des manœuvres parfaitement orchestrées. Les marins elfes de la nuit se penchaient à bâbord et à tribord, lançant des cordages aux équipages des navires adjacents.
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