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| - L’incident survînt alors que je roulais tranquillement sur une petite route de campagne, dans la région de Rouen. Je me rendais à L... pour y effectuer une visite chez mon ami P..., afin de lui remettre un paquet précieux. Dans ces situations, il m’est préférable de prendre la voiture car mon ami P. vit dans un lieu reculé. Il y possède une vaste résidence dans laquelle nous aimons deviser joyeusement et plaisanter de choses et d’autres, ainsi qu’un large domaine propice à la détente, où les ombres de grands aulnes permettent de cheminer en respirant un air pur revigorant. La nuit me surprit aux environs de la ville de C... peu après m’être arrêté pour y effectuer le plein de carburant de mon véhicule. J’aime beaucoup mon ami P... mais je tolère difficilement le caractère rude et indélicat des habitants de sa région. Alors que je tentais de m’entretenir avec le pompiste de la station-service, en lui demandant s’il avait du beau temps, il me tança, et après m’avoir vilainement toisé, me tînt cette étrange réplique : « Vous n’êtes pas du coin, l’ami. De bien méchantes choses arrivent aux étrangers par ici… ». Mon pouls s’emballa aux paroles de ce rustre. Je réglai la facture d’essence puis remontai dans mon véhicule en maudissant tous les pompistes de la Terre ; cela est dû à au caractère impérieux de ma nature excessive. Enfant, j’avais bien souvent été soigné au laudanum et au bromure, ce sont parfois des choses qui laissent des cicatrices, dit-on.
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