contenu
| - --10-19
- La période du festival de la moisson approche à grands pas et cette année encore, les moogles semblent préparer diverses attractions pour les aventuriers.
On leur a demandé discrètement quelques détails, et ils ont accepté de révéler que cette fois, il faudra réunir des lanternes. Le reste est gardé secret, mais il semblerait toutefois qu’ils ont prévu des cadeaux particuliers cette année.
Il y a d’ailleurs une rumeur étrange et inexplicable au sujet de la fabrication de ces cadeaux.
----
"Il manque quelque chose...", murmura Totti-Motti alors qu'il finissait de tailler une lanterne en forme de tête de mandragora avec son burin. Il manquait une dernière touche pour parfaire les lanternes de cette année.
Les trois modèles créés par un artiste de Jeuno pour la deuxième année consécutive étaient certes splendides, mais ils n'avaient pas assez d'impact. C'était du moins l'avis de Totti-Motti.
"Si c'était moi, je rajouterais bien quelque chose... Comme ça, par exemple..."
L'artisan Tarutaru continuait de réfléchir à voix haute tout en manœuvrant habilement son burin. Il cherchait un moyen de rendre la lanterne plus impressionnante. Totti-Motti devait se surpasser cette année. En effet, seules ses lanternes-citrouilles ne s'étaient pas vendues, l'an passé. Elles formaient désormais un imposant monticule orangé au fond de sa maison Mog.
Il leva les yeux et examina les lanternes qu'il venait juste de finir.
Il y en avait une qui évoquait un fantôme, et une qui autre représentait un djinn. Les bougies qu'elles contenaient étaient allumées et leur lueur projetait sur le sol la silhouette de Totti-Motti burin à la main.
Le Tarutaru se remit au travail.
Le son du burin résonnait dans la maison Mog, parfois mêlé à la respiration lourdes et aux soliloques de Totti-Motti.
Tout à coup, les flammes des lanternes se mirent à vaciller violemment.
Un coup de vent. Une bourrasque d'air singulièrement chaud pour l'automne avait traversé la maison Mog. Le mouvement des flammes avait fait onduler l'ombre de Totti-Motti sur le sol, donnant à son contour une forme irréelle. Le hurlement du vent se fit de plus en plus fort, et la porte et les fenêtres se mirent à branler. Une tempête approchait.
De l'autre côté des vitres, un éclair fendit le ciel nocturne, l'illuminant pendant un bref instant. La plainte du vent se renforça et le tonnerre se fit bientôt entendre dans la maison Mog.
Perdant sa concentration, Totti-Motti leva de nouveau les yeux.
"Il faut que je mange quelque chose... J'ai faim."
C'était l'heure du souper. Normalement, les moogles devraient lui apporter son repas.
On frappa à la porte. Totti-Motti eut un air étonné. Quelque chose clochait. Les moogles n'hésiteraient pas à entrer sans prévenir.
Un frisson lui parcourut l'échine alors qu'il étendait la main vers la poignée de la porte.
Son estomac se noua.
Sa gorge était sèche. Il avait un mauvais pressentiment.
La porte s'ouvrit avec fracas. Le vent s'engouffra dans la pièce, agitant les cheveux courts du Tarutaru qui pouvait à peine garder les yeux ouverts.
"Mais... qu'est-ce que c'est ?!"
Un éclair traversa le ciel noir et s'abattit sur un grand arbre du jardin de la résidence voisine. L'éclat aveugla momentanément Totti-Motti.
Un rire se fit entendre. Il semblait venir à la fois de partout et de nulle part, résonnant dans l'air nocturne. Le Tarutaru avait beau se boucher les oreilles, le ricanement continuait à faire écho dans sa tête.
Les choses semblèrent tourbillonner autour de lui.
Perplexe, Totti-Motti ne sembla pas s'apercevoir de l'ombre qui s'approchait de lui. Une ombre d'un noir profond et de la même taille que lui qui sortait des ténèbres de la nuit. Elle laissa apparaître un sourire écarlate.
A bout de force, le jeune Tarutaru tomba sur les genoux. Il sentait quelque chose d'oppressant lui serrer la gorge.
"Maître ! Voici votre dîner, kupo !"
Au son de cette voix, le vertige cessa et Totti-Motti ouvrit les yeux. Devant lui se tenait son serviteur moogle.
Le sentiment d'oppression avait disparu.
"Bon, je vais faire du rangement, kupo ! On voit bien que ce n'est pas vous qui faites le ménage ici, à mettre tout sens dessus-dessous comme ça... !"
"Attends un peu. C'est quoi, ça ?"
Totti-Motti pointait du doigt un objet inconnu qui traînait aux pieds du moogle.
En le ramassant, il reconnut une lanterne. Elle ressemblait fort à celle en forme de tête de mandragora sur laquelle il travaillait, mais elle différait en un point...
"Mais bien sûr ! En noir !!"
La lanterne était brûlée en divers endroits, ce qui lui donnait un air menaçant. Elle représentait une tête de mandragora noire.
Ignorant la demande du moogle de se dépêcher de prendre son repas, Totti-Motti était persuadé d'avoir été touché par quelque sorte d'inspiration divine.
Reprenant son burin, il s'attela à la création d'une nouvelle lanterne. Il était comme possédé.
Dehors, la tempête battait son plein.
Les lanternes créées par Totti-Motti devinrent le principal sujet de conversation du réseau d'information des moogles. A quelques jours du festival de la moisson, les commandes affluaient.
Aujourd'hui encore, à la veille du festival, Totti-Motti continue de fabriquer ses lanternes à tête de mandragoras noires les unes après les autres.
Il a toutefois oublié comment l'idée lui était venue à l'origine...
center|Festival de la moisson - "Une ombre noire dans la nuit" (12.10.2010)
|