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| - Il existe plusieurs façons de voyager à travers les univers parallèles.
La première consiste à emprunter un trou de ver. Il s'agit du résultat d'une excroissance dans l'hyperespace d'un univers qui vient toucher l'univers parallèle voisin, créant ainsi un passage entre les deux mondes.
Seulement le trou de ver pose deux problèmes pratiques :
*tout d'abord, c'est assez étroit, en général. À moins d'être dans un univers où les vers sont assez volumineux. À vrai dire, il suffirait qu'ils aient un grand diamètre. Mais dans un univers où les vers de terre ressemblent à des frisbees caoutchouteux, pourquoi diable voudrait-on changer d'univers ?
*ensuite, une fois qu'on a trouvé un trou de ver, comment savoir si c'est un trou de ver entre deux univers, ou un vrai trou de ver. Vous me direz : « il suffit d'aller voir ». Mais voilà : si vous vous retrouvez en face d'un ver, comment savoir si vous êtes dans un trou de vrai ver, ou si vous venez de passer dans un univers parallèles dans lequel habite un ver en face du trou de ver ? N'oubliez pas que de toutes façons, si vous vous trouvez en présence d'un trou de ver dimensionnel, il existe un univers parallèle où votre double parallèle se trouve en face d'un trou de ver animal, et inversement.
Laissons donc tomber les trous de ver.
Une autre possibilité est, comme le chat de Schrödinger, de se rendre dans une boîte. Une fois à l’abri de toute observation, vous pouvez superposer vos états quantiques et choisir celui qui vous convient pour vous rendre dans l'univers de votre choix. Soudain, tout devient sombre, des sons étranges retentissent. Des flashs de lumières colorées vous encerclent, tandis que vous semblez plus euphorique et plus sûr de vous. Mais vous voilà maintenant désorienté, vos réflexes vous font défaut, et vous vous demandez pourquoi vous n'arrivez pas à allumer cette cigarette qui ressemble étrangement à un bic. Voilà, vous êtes encore bourré. Décidément, c'est la dernière fois que je sors en boîte avec vous.
Non, finalement, le plus simple, c'est d'aller toujours tout droit. Ça prend un peu de temps, mais une fois qu'on a atteint l'infini, on a l'embarras du choix, car tous les univers parallèles se rejoignent à l'infini.
- Lorsqu'une réduction de la fonction d'onde s'opère, un univers se divise en deux univers dans lequel la particule quantique a un état différent. Ces deux univers parallèles en viennent rapidement à diverger selon l'image populaire du battement d'aile du papillon.
Ainsi, une simple différence de particule aura un impact sur les particules aux alentours, qui auront elles-mêmes un impact sur les particules aux alentours, et ensuite de suite. Cela provoquera ou non une excitation d'un atome d'une molécule. La trajectoire de cette molécule en sera perturbée, et elle viendra heurter ou non une autre molécule. Ces deux molécules réunies agiront comme un barrage, agglutinant le reste de la matière, ou bien continueront leur route sans se soucier de rien. La matière accumulée constituera un kyste, faisant augmenter la pression sanguine, ou alors, le sang s'écoulera sans entrave dans les vaisseaux capillaires ventriculaires. Le kyste passera tout d'abord inaperçu, quand soudain, PAF! votre veine explose, votre cerveau perd les pédales, dans un éclair de souffrance, vous venez de mourir. Ou pas.
Mais si ce n'est maintenant, alors, ce sera peut-être dans trois secondes.
...
PAF !
Non ?
Pourtant, il existe un univers où cela vient de se produire.
PAF !
PAF !
Mouais, vous avez du bol, c'est tout.
- Hé voilà, vous êtes dans cet univers totalement improbable où certains pensent sérieusement que leur village de merde est plus important que celui d'à côté.
Hé voilà, vous êtes dans cet univers totalement improbable où certains sont fiers de dire tout haut des énormités qui ne peuvent naître que dans le cerveau d'un crétin et, en plus, croire que ça fait d'eux des gens plus intelligents que les autres.
Hé voilà, vous êtes dans cet univers totalement improbable où des émissions de télé-réalité crétines gagnent plus d'argent que le corps enseignant.
Hé voilà, vous êtes dans cet univers totalement improbable où certains états dépensent des millions d'euros pour soutenir les majors plutôt que de réellement soutenir la culture, et où tout le monde trouve ça normal.
- L'hyperespace : l'espace dans lequel sont plongés tous les univers parallèles.
Parce qu'évidemment, si vous voulez mettre des univers en parallèle, il faut bien disposer ces espaces dans un espace de dimension supérieure : un hyperespace, qui est un espace à n dimensions.
Certes, mais qu'est-ce qu'un espace à n dimensions ?
Un espace à n dimensions est en fait un espace à 24 dimensions où 24 = n. On peut donc, sans perte de généralité, développer le concept d'espace à 24 dimensions, et ensuite se réduire à n dimensions.
Certes, mais qu'est-ce qu'un espace à 24 dimensions ?
Un espace à 24 dimensions est en fait isomorphe à un espace à 12 dimensions où les points sont décrits de manière complexe. Alors, dans ce cas, je ne vois pas pourquoi je me ferais chier à décrire un putain d'espace à 24 dimensions si je peux tout simplement en décrire un avec deux fois moins de dimensions.
Certes, mais qu'est-ce qu'un espace à 12 dimensions ?
Un espace à 12 dimensions est en fait quatre espaces à 3 dimensions. Un espace à 3 dimensions, c'est l'habituel espace 3D dans lequel nous évoluons. Quatre espaces à 3 dimensions s'obtiennent simplement en superposant trois lunettes 3D, rajoutant ainsi trois espaces à 3 dimensions à notre espace originel à 3 dimensions. Ou bien en consommant de la drogue, ça marche aussi.
Voilà, maintenant qu'on sait ce qu'est un espace à 12 dimensions, on y met des nombres complexes, on a donc un espace à 24 dimensions, et là, il suffit de poser 24 = n et le tour est joué.
- Ami lecteur, vous ne vous attardâtes point en ces lieux pour écouter la défense, ni pour y découvrir les tribulations d'un simple tueur de vieilles dames. Vous êtes là pour la science. Attiré par ce titre prometteur comme la mangouste par un lombric juteux, vous êtes venu pour les équations physiques, les théories mathématiques et les calculs plus infinitésimaux les uns que les autres. Bref, vous voulez bouffer de l'article scientifique.
La théorie des univers multiples a pour origine le fait que les particules quantiques admettent des états superposés, tandis que l'observation ne révèle qu'une seule quantité. Ainsi, prenons un état quantique superposé ψ>:
:ψ> = c1 α1> + c2 α2> + .. + cn αn> + ..
où αi> correspond à ...
Ah, on me fait signe qu'on n'a plus le temps.
- Psshhhhh fit le vaisseau lorsqu'il se posa sur la terre inconnue qui appartenait à cet univers parallèle où moi et l'auteur de cet article venions d'atterrir.
Il faisait tout noir dans ma boîte. Et aucun bruit ne nous parvenait de l'extérieur.
De nouveau, un silence pesant s'installa. L'auteur de l'article le rompit soudain :
Troisième silence pesant, dans l'obscurité parfaite de ma boîte en carton. Suivi d'un soupir.
Nouveau soupir.
L'auteur de l'article se servit un petit whisky tandis que je fixais mon rendez-vous avec mon ami et son compagnon. Cela fait, j'allais le retrouver alors qu'il s'exerçait à quelques figures sur mon billard américain.
C'est à ce moment qu'on sonna à la porte.
Sprotch !
Après un bref silence gêné, je déclarai :
Et puis on est reparti.
Ainsi donc, moi et l'auteur de cet article étions dans ma boîte.
Et paf ! Nous étions passé dans un univers totalement parallèle.
L'auteur de cet article s'extirpa immédiatement de ma boîte, mais fut rapidement déçu. Il se trouvait en effet dans une rue qui semblait totalement banale. Les bâtiments étaient normaux. Les voitures qui roulaient, comme chez nous, sur la route également. Les quelques passants qui passaient passaient comme ils passent si bien dans notre univers à nous.
C'est alors que je vis un petit truc vert en toge traverser la rue.
Mais soudain, alors que l'auteur de l'article se frappait violemment les deux yeux en même temps, Yoda explosa, d'un coup, projetant ses entrailles verdâtres sur la chaussée, les façades et une voiture qui passait à côté.
Cet événement fut suivi d'un grand effroi de la part des témoins autour de nous. Tandis qu'une jeune femme criait: « Aaaah ! Il a tué Yoda ! », un homme prit violemment à parti l'auteur de l'article, déclarant vertement qu'il s'agissait de sa faute.
Le voyage inter-universel n'est pas de tout repos. L'esprit humain est terriblement limité lorsqu'il s'agit d'imaginer les variantes possibles de notre univers, avec toutes les folies et abominations que cela implique. Beaucoup ne sont jamais revenus, plongés vivant dans des mondes bouillonnants, remplis de créatures voraces ou très très stricts sur l'immigration, surtout venant d'un autre univers. Mais parfois, on tombe sur un univers avec plein de M&M's, alors, l'auteur de l'article avait insisté pour qu'on tente le coup.
J'appuyai donc sur le bouton, les avertissements d'usage ayant été faits, et ZAAAAP, nous voilà dans un autre monde aux mille dangers.
L'auteur de cet article s'aventura immédiatement dehors.
On se trouvait sur un parking, en face d'une maison de repos.
La barre métallique retentit en heurtant le sol. L'auteur de l'article se retourna vers moi les yeux remplis de larmes.
En quelques foulées, il s'était précipité sur la maison de retraite, et il y pénétrait maintenant après avoir donné un grand coup de pied dans la porte d'entrée. Je le suivais pour essayer de le raisonner. Mais rapidement, alors qu'il arrivait dans le hall principal, ma voix fut couverte par le crépitement assourdissant de son arme. La salle était remplie de vieilles dames, toutes là, tricotant, regardant Julien Lepers à la télé, jouant au bongo. Mais les rafales de balle rebondissaient sur elles, les laissant sans la moindre égratignure, et elles continuaient leur activité comme si de rien était. La mitraillette s'arrêta enfin, sans munition. L'auteur de l'article la laissa tomber en portant une main sur son visage, dans laquelle il pleura.
Et nous partîmes pour un autre univers. Hé oui ! C'est comme ça, les voyages dans les univers parallèles. Parfois, on tombe sur l'univers des filles à poil. Parfois, on tombe sur l'univers de filles à poil et du psoriasis pustuleux. C'est ça la dure vie des aventuriers des univers parallèles !
Or donc, l'auteur de l'article et moi-même voyagions dans l'hyperespace à la recherche d'un univers parallèle où pouvait se loger la mécanique quantique. Évidemment, c'était moi qui conduisait.
C'est pour ça que d'habitude, je voyage seul dans ma boîte.
Je soupirai.
Heureusement, la prochaine sortie n'était pas très loin.
Je me garai sur l'emplacement réservé aux colis et autres boîtes à chaussures. L'auteur de l'article descendit.
Et le voilà parti pour uriner dans les toilettes de l'hyperespace. Pendant ce temps-là, moi j'allai, comme convenu, acheter des chips. C'est super cher, les chips, sur les aires d'autoroute inter-dimensionnelle. J'en profitai pour essayer de me trouver de la lecture, mais à seconde vue, Minou Magazine ne ciblait pas, bizarrement, le public félin. Alors, je retournai à la boîte. Là, j'y retrouvai l'auteur de l'article qui participait à un échange musclé avec un petit être vert.
Et je me dirigeai vers ma boîte en essayant de tirer l'auteur de l'article avec moi. Mais celui-ci ne partageait pas mon avis :
Et il sortit un revolver qu'il déchargea sur le pauvre monsieur Yoda, mortellement réduit en charpie.
Et tandis que nous regagnions notre moyen de transport pour déguerpir au plus tôt, je m'écriai :
Qui pourrait se douter des merveilleux prodiges dont peut être témoin un type qui se met dans une boîte avec un chat ? Essayez, moi je dis, ça vaut le coup.
Par exemple, l'auteur de cet article et moi, on a débarqué sur cet univers parallèle et on est sorti de notre boîte.
Ce fut pour tomber sur un énorme parking, visible à perte de vue, et rempli de boîtes, identiques ou similaires, d'où sortait deux individus dont l'un était majoritairement un chat, et l'autre, majoritairement un auteur d'un article.
Je sortis la carte que j’étalai sur le parking.
Tandis que je cherchais le meilleur itinéraire, je remarquai que l'auteur de cet article s'agitait bizarrement. Il levait soudain un bras en l'air, puis sautait ou tournait sur lui-même.
Je me passais la patte sur le visage, prévoyant la suite des événements. Je terminais l'élaboration de mon parcours tandis que j'entendais le ton monter entre les deux doubles jumeaux qui parlaient à l'unisson. Ayant rangé ma carte, je me rendis dans la direction de la dispute, mais je choisis de l'ignorer et de discuter un peu avec mon double à moi.
En effet, l'auteur de l'article revenait vers moi, apparemment détendu, tandis que son double faisait de même.
- Comment ça vous n'avez rien compris ? C'est pourtant pas compliqué. Lorsque vous avez un univers, celui-ci se divise à chaque instant infinitésimal en une infinité d'univers parallèles qui eux-mêmes se divisent instantanément en une infinité d'univers parallèles et ainsi de suite, créant tous les mondes possibles.
Par exemple, il existe un monde où il existe un trou de ver vers un autre univers parallèle. Et il existe donc une infinité de mondes totalement identiques à ce premier monde, mais dont la seule différence est que le trou de ver conduit vers chaque autre univers parallèle.
Donc, dans un multivers à X univers, pour chaque univers correspond X-1 univers identiques mais reliés à un autre univers, ce qui implique qu'il existe X + × X = X2 univers. Et dans ce cas, ça implique l'existence de × X2 autres univers, et donc, un total de X4 ce qui implique que...
Hum.
Heu, bon, je vais y aller moi. Allez, à plus.
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