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| - Crowley n’avait pas accepté de bonne grâce la construction du mur. Il avait défié Grisetête et s’était même porté au secours de l’Alliance durant les événements baptisés par la suite la Troisième guerre, en envoyant la « brigade de Gilnéas » auprès de dame Jaina Portvaillant. Genn avait tenté de raisonner le noble orgueilleux. Il avait tenté de lui expliquer que ce mur était la seule façon de progresser. Il avait tenté de lui démontrer pourquoi venir à l’aide de l’Alliance était une erreur, même si son propre fils était en désaccord avec lui. Mais Crowley avait refusé de voir la vérité. Crowley assurait que ce qu’il faisait était ce qu’il y avait de mieux pour l’avenir de Gilnéas et qu’il mettrait fin à la « tyrannie » de Genn. Le pays était en proie à la guerre civile. Des incendies ravageaient la capitale, attaquée par des Gilnéens. Le grand rêve d’Archibald Grisetête disparaissait.
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* * Genn tourna brusquement et commença à escalader une coursive qui aurait dû être horizontale. Il se précipita dans la direction des appels à l’aide. Au-dessus de lui, il aperçut des bras violets qui tentaient de dégager les débris obstruant l’entrée. Des mains tâtonnaient dans les déblais, cherchant désespérément une issue. Il s’agissait sans doute de marins qui s’étaient barricadés dans une cabine, dans la proue. Genn ne perdit pas un instant. S’appuyant sur son bras droit, il s’élança et saisit de sa main gauche la structure en bois recouverte d’un filet, dégageant les débris qui bloquaient le passage. Au-dessus de lui, dans l’ouverture dégagée parmi les lourds débris de bois, il découvrit le visage d’un elfe de la nuit qui le regardait fébrilement, transporté de joie. « Par la lumière d’Élune, d’où venez-vous ? s’exclama quelqu’un. — Nous sommes venus vous sauver. » Il tenta de dégager les débris du mieux qu’il pouvait, en vain. Seul, il n’y arriverait jamais. « Poussez de toutes vos forces. Si nous parvenons à unir nos forces, je pourrai vous faire sortir ! » — Comme vous voulez, worgen. » Genn se concentra, s’efforçant de chasser les souvenirs de son esprit torturé. Une coupe renversée. Du vin répandu sur un sol de pierre, comme du sang. Non, pas encore. Ce n’était pas le moment de se laisser distraire par ses souvenirs. Il ne pouvait pas se laisser déstabiliser ici. Il finit par tirer de toutes ses forces sur la masse de débris, alors que les elfes de la nuit poussaient de l’autre côté. Crac ! Les morceaux de bois s’effondrèrent. Genn se hissa dans l’ouverture. Un marin elfe de la nuit fut sur le point de tomber, puis se rattrapa. Ils étaient enfin libres ! « Merci. Nous avions commencé à nous résigner à mourir. — N’acceptez jamais ce qui est incertain, elfe de la nuit. Suivez-moi. » D’autres marins se précipitèrent pour le rejoindre, plus bas. D’épais panaches de fumée s’échappaient du niveau inférieur. « Où sont ma femme et ma fille ? — Vos quoi ? demanda un marin au visage maculé de sang. — Vous êtes... le roi Grisetête ? » ajouta un autre elfe de la nuit. Grisetête acquiesça. « Leurs quartiers se trouvent en bas, mais nous ne les avons pas vues. Les sentinelles étaient chargées de les conduire à la proue, mais... — Mais quoi ? — Elles restent introuvables, et personne ne les a vues ni entendues... Elles se trouvaient dans les cabines de tribord. »
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