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  • CHAPITRE III
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  • CHAPITRE III LANGUE PUNIQUE I AFRIQUE – PHUTH – NUMIDES ET MAURES Parmi les descendans de Cham nous retiendrons seulement Phuth, son troisième fils, que les commentateurs de l'Ecriture Sainte pensent être la souche des premiers habitants du nord de l'Afrique. Le continent africain présente un contraste des plus frappants. Dans les parties traversées par des cours d'eau considérables, la chaleur s'unissant à l'humidité du sol produit dans les arbres et les plantes une végétation d'une vigueur et d'une puissance admirables, mais dans les régions où les rivières ont un faibles volume d'eau, la fraîcheur et la fertilité dispa-
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  • CHAPITRE III LANGUE PUNIQUE I AFRIQUE – PHUTH – NUMIDES ET MAURES Parmi les descendans de Cham nous retiendrons seulement Phuth, son troisième fils, que les commentateurs de l'Ecriture Sainte pensent être la souche des premiers habitants du nord de l'Afrique. Le continent africain présente un contraste des plus frappants. Dans les parties traversées par des cours d'eau considérables, la chaleur s'unissant à l'humidité du sol produit dans les arbres et les plantes une végétation d'une vigueur et d'une puissance admirables, mais dans les régions où les rivières ont un faibles volume d'eau, la fraîcheur et la fertilité dispa- – 83 – raissent sous l'action d'un soleil ardent, et le désert apparaît avec son effrayante aridité. Dans le plus étendu de ces déserts, le Sahara, des plaines immenses de sable brûlant se déroulent aux regards. Les dangers y sont extrêmes, car au souffle impétueux du simoun, les sables agités roulent comme les vagues d'une mer furieuse. Malheur aux voyageurs que le simoun , dans sa course rapide, rencontre engagés dans ces parages funeste ! Le sable soulevé les environne, les saisit, les ensevelit sous le poids de ses masses amoncelées – afer (éfeur) vent du sud-ouest, rick (rik) un monceau. Quoiqu'il paraisse indispensable, en parlant de l'Afrique, de s'occuper des Egyptiens, cependant nous laisserons de côté et leurs monuments et la longue liste de leurs rois. Le labyrinthe égyptien et Mesraïm, premier roi du pays, nous arrêteront à peine un instant. Mesraïm, second fils de Cham, nous offre une preuve de la sûreté et de la véracité des affirmations de Moïse dans le dénombrement des chefs de peuple issus des trois fils de Noé et dans les établissements qu’il leur attribue, affirmations qui sont une base scientifique inébranlable. Mesraïm est célèbre comme premier roi d'Egypte : il mérite néanmoins d'être autrement signalé à cause d'une fantaisie architecturale léguée par lui aux siècles – 84 – futurs et dont ceux-ci, dans leur ingratitude, ont oublié l'auteur. Les anciens avaient bâti en différentes contrées certains monuments appelés labyrinthes, et les plus renommés étaient celui de Crète attribué à Dédale, et celui d'Egypte, dont le savant architecte était demeuré inconnu. Hérodote fait du labyrinthe égyptien l'oeuvre de douze rois, tandis que Pline pense que Tithoès seul doit en revendiquer la gloire. D'après la description faite par Hérodote de cet édifice, douze palais étaient enfermés dans une seule enceinte. Quinze cents appartements, mêlés de terrasses, étaient disposés autour de douze salles principales, et les communications étaient ménagées de telle sorte, que ceux qui s'engageaient dans le palais étaient impuissants à en retrouver la sortie. Il y avait encore quinze cents appartements souterrains. Cette construction était-elle un monument consacré au soleil, comme Pline semble le croire, ou bien était-elle destinée à la sépulture des rois ? N'était-ce pas plutôt un caprice, une fantaisie d'un architecte habile dont les hommes avaient perdu le souvenir ? Mesraïm seul peut nous mettre sur la voie et nous montrer l'issue de ce labyrinthe d'hypothèses, en avouant qu'il est bien l'auteur de cet édifice étrange, formé de longues rangées d'appartements, et dû à une fan-taisie, – 85 – taisie à un caprice de son esprit – maze (méze) labyrinthe, ou bien encore to maze (méze) égarer, embarrasser, – row (rô) rangée file, – whim (houim), caprice, fantaisie. Si Mesraïm livre son secret sans difficulté, il n'en est pas de même de Phuth, troisième fils de Cham. Ce nom bizarre ne présente en lui-même, dans sa forme monosyllabique, aucun sens dont l'esprit puisse se déclarer satisfait. Il doit être divisé en deux syllabes, et alors il offre une signification raisonnable se rapportant fidèlement au caractère et aux vêtements des peuplades Libyes et Gaetules dont Puth est le père. Ennemis déclarés des Egyptiens, dont ils différaient d'une manière fort sensible, les Libyes et les Gaetules menaient la vie nomade, errant à travers les prairies – lea (li), prairie, – by (baï), à travers, – et se faisaient remarquer par la forme particulière de leurs manteaux, – to get (guet) avoir, – hull, une couverture extérieure, un manteau. – Le signe distinctif du manteau des Gaetules consistait dans le capuchon, et le burnous algérien nous paraît être une partie traditionnelle des vêtements portés par Puth et ses descendans. Les Gaetules nous ont seuls permis, par la vue de leurs manteaux à capuchon, de saisir la composition du nom de Puth leur aïeul – foe (fô) ennemi, – to hood (houd), mettre un capuchon. – 86 – Dans son écrit sur la guerre soutenue par Jugurtha contre les Romains, Salluste donne sur les premiers habitants du nord de l'Afrique certains détails fort intéressants. D'après cet auteur, l'Afrique aurait été d'abord occupée par les Gaetules et les Libyes. Ils étaient, dit-il, d'une nature rude et intraitable, se nourrissaient des fruits spontanés du sol et de la chair des bêtes fauves. Les lois, les chefs, la civilisation leur étaient inconnus ; errant de çà de là, ils s'arrêtaient dans le lieu où la nuit venait les surprendre. Mais, continue Salluste, après la mort d'Hercule, arrivée en Espagne suivant la croyance des Africains, son armée composée de divers peuples et privée de son chef, se répandit de tous côtés. Les Mèdes, les Perses et les Arméniens qui faisaient partie de son armée, traversèrent la mer sur des vaisseaux et s'emparèrent du littoral de notre mer. Les Perses se dirigèrent surtout du côté de l'Océan : ne trouvant point dans les champs les matériaux nécessaires à la construction de leurs maisons, ils se servirent des carènes renversées de leurs vaisseaux en guise d'habitation. Ils se mêlèrent peu à peu aux Gaetules par des alliances, et comme ils changeaient souvent de lieu suivant la fertilité des campagnes qu'ils rencontraient, ils se donnèrent à eux mêmes le nom de Numides. Au reste, – 87 – les constructions des Numides de la campagne, oblongues et couvertes de briques arquées (tuiles à canal) sont appelées par eux mapalia. Les Libyes s'allièrent avec les Mèdes et les Arméniens : ils occupaient la contrée baignée par la mer africaine, tandis que les Gaetules vivaient plus au loin dans les terres, dans le pays brûlé par un ardent soleil. Les Libyes possédèrent des villes de bonne heure, et, séparés de l'Espagne par un simple détroit, ils y faisaient des échanges. Peu à peu les Libyes altérèrent leur nom et s'appelèrent, dans leur langue barbare, Maures au lieu de Mèdes. Les affaires des Perse étaient bientôt devenues prospères ; et peu après, s'éloignant de leurs pères à cause de leur nombre trop considérable, ils occupèrent, sous le nom de Numides, le pays situé autour de Carthage et que l'on a nommé la Numidie. Subjuguant peu à peu leurs voisins, ils se firent un nom plein de gloire ; car les Gaetules étaient plus guerriers que les Libyes : enfin, la partie inférieure de l'Afrique tomba sous la domination des Numides, et tous ceux qu'ils avaient vaincus, se joignirent à eux et prirent leur nom. Tous ces renseignements donnés par Salluste sont fort précieux et répandent quelque lumière sur les origines de ces africains, mais nous – 88 – sommes surpris qu'il les prive gratuitement de lois, de chefs et de civilisation. Ils pouvaient bien ne pas avoir de lois écrites ; cependant il est difficile de leur refuser des traditions formant certainement la base de leur législation. On ne voit guère, d'ailleurs, quelle notable différence s'est introduite dans la vie de ces peuples depuis qu'ils habitent la terre africaine. Toujours couverts de leurs manteaux à capuchon, sans cesse à la recherche de prairies nouvelles pouvant fournir à leurs troupeaux une abondante nourriture, conservant à travers les siècles leurs babitudes nomades, nous les retrouvons encore, à peu de chose près, tels que Salluste les décrit. Les maisons construites que l'auteur latin désigne par mapalia – to map, tracer, – hall, habitation, – n'ont pu faire renoncer la plus grande partie de la population à parcourir en tout sens le pays pour conduire les troupeaux dans des prairies nouvelles et plus fraîches – new (niou) nouveau, – mead (mid) prairie. Les Numides étaient possesseurs de magnifiques chevaux, et on sait avec quels soins minutieux les Africains les élèvent afin de leur communiquer toute l'énergie nerveuse et l'ardeur qu'ils désirent voir en eux. Néanmoins, malgré la vigueur de ces excellentes bêtes, les Numides étaient impuissants à traverser les immenses – 89 – déserts de l'Afrique ; le chameau seul était propre à parcourir ces vastes solitudes, à cause de son extrême sobriété et de la disposition singulière de son estomac qui renferme une poche remplie d'eau, (1) constituant une admirable réserve qui lui permet de passer plusieurs jours sans boire. Les chameaux sont fort nombreux dans l'Ouest africain et les Maures les regardent avec raison comme la richesse principale d'une famille. Les anciens Libyes et Gaetules connaissaient fort bien la raison de la sobriété du chameau et de la facilité avec laquelle il voyage de longs jours, sans s'arrêter à une source afin d'apaiser la soif ; aussi l'employaient-ils de préférence au cheval pour s'aventurer au milieu des déserts. Cet emploi ordinaire du chameau dans les voyages, et la connaissance certaine de la poche pleine d'eau contenue dans l'estomac de cet utile animal sont la cause du nom de Maures, donné aux Libyes mêlés d'Arméniens et de Mèdes de l'Ouest de l'Afrique, – maw (mâu) panse, jabot, – to wear (ouér), employer, avoir sur soi pour l'usage. – L'expression maw (mâu) désigne bien le chameau, puisque dans la langue des Tectosages, une étoffe faite de poil de chameau s'appelle mohair. Salluste, adoptant la croyance des africains, fait mourir Herculeen Espagne, et prétend que ses guer- (1) Daubenton. Cuvier. – 90 – riers abandonnant l'Ibérie passèrent sur la terre d'Afrique. Pour nous, nous tâcherons de nous appuyer sur certains faits racontés par la mythologie, et malgré ses accès de démence, elle laissera échapper quelque lueur sur ce point historique. La Mauritanie était pour elle le jardin des Hespérides renfermant les arbres aux pommes d'or. Un dragon à cent têtes était préposé à leur garde, et, les yeux sans cesse ouverts sur les fruits précieux, il poussait d'horribles sifflements. Hercule avait promis à Eurysthée, roi de Mycènes, de lui apporter les pommes d'or du jardin des Hespérides. Il se transporta dans la Mauritanie, au milieu des Atlantides, tua le dragon et, s'emparant des pommes d'or, il revint triomphant les offrir à Eurysthée. En changeant le nom du héros de cette histoire, le récit de Salluste apparaît tout éclairé par la lumière de la fidèle vérité. La nation Gauloise est ici représentée par Hercule, et la mythologie elle-même nous livre le fil conducteur, en disant que Galatès, guerrier renommé pour ses exploits et ses vertus, et aussi roi des Gaulois, était fils d'Hercule. Elle nous insinue donc qu'hercule, c'est-à-dire l'héroïque famille gauloise, semblable à une marée montante et envahissante, après avoir inondé l'Europe, a atteint le coeur de l'Espagne, et y a vu son flot démesuré expirer – 91 – par la longue et opiniâtre résistance des Ibères. Une partie seulement de l'immense armée a traversé la mer et s'est emparée des magnifiques vallons situés au pied de l'Atlas, où croissent en abondance les orangers et les citronniers portant leurs splendides pommes d'or. Les Atlantides, Libyes et Gaetules ont vécu avec les conquérants et sont devenus les Maures et les puissants Numides dont la cavalerie était si redoutée des Romains. II LES GÉNÉRAUX DE CARTHAGE – LES ROIS NUMIDES. Les Numides virent plus tard une colonie de Phéniciens aborder sur leurs côtes et y fonder des établissements. La ville de Carthage y fut bâtie, 888 ans avant Jésus-Christ, par Didon, princesse tyrienne. Adonnée au commerce, Carthage s'enrichit, s'accrut avec rapidité et étendit ses possessions sur le littoral Africain et sur les côtes de l'Espagne, attrayante surtout par ses mines d'or et d'argent. Devenue guerrière par l'obligation qui s'imposait à elle de soutenir son commerce, elle levait des armées composées de soldats mercenaires auxquels elle ne pouvait – 92 – guère se fier. Les Numides, les Ibères, les Gaulois y abondaient, mais ces guerriers d'emprunt restaient seulement à son service, lorsqu'un habile général savait les mener à une victoire et à un pillage. Une bataille perdue mettait en fureur ces soldats étrangers, et ils massacraient les généraux malheureux qui n'avaient pas su conduire leur impétueux élan. Cette nécessité de vaincre renferme peut-être en elle-même tout le secret de l'habileté des brillants et intrépides généraux Carthaginois. Les Phéniciens, fondateurs de Carthage, parlaient la langue cananéenne, et ce langage, malgré de nombreuses dissemblances devait accuser une étroite parenté avec celui des Numides. Mais est-ce bien à la langue des Carthaginois qu'il faut attribuer le nom de punique, et ce nom n'appartiendrait-il pas plutôt à celle des Numides et des Maures ? Nous croyons que la langue Numide peut aisément le revendiquer, et, en examinant de près le langage actuel des Kabyles, on s'assurera qu'il est fait de jeux de mots et par conséquent le seul punique – to pun (peun) faire des jeux de mots. Cette assertion ne paraîtra pas sans fondement, si nous comparons les noms des plus illustres généraux Carthaginois cités par l'histoire avec ceux des rois Numides, et on pourra sentir dans les noms – 93 – propres Carthaginois une certaine résistance à l'interprétation, tandis que les noms propres numides cèderont très volontiers les monosyllabes qui les forment. Amilcar, père du célèbre Annibal, avait donné en Sicile contre les Romains des preuves incontestables d'habileté militaire. Poursuivant avec une ardeur opiniâtre la prospérité et l'extension de l'empire Carthaginois – to aim (ém), diriger – weal (ouil), prospérité, – to care (kère), se mettre en peine de, – il soumit le littoral de l'Afrique jusqu'au Grand Océan, et en passant en Espagne, il s'empara de la côte occidentale de ce pays. Il avait, sur ses instances réitérées, amené avec lui le jeune Annibal, pour l'initier à la direction d'une armée et à la science guerrière. Amilcar avait aussi avec lui, dit Cornélius Nepos, un beau jeune homme, Hasdrubal, qu'on lui reprochait d'aimer beaucoup plus qu'il n'aurait fallu. De là il advint, que l'inquisiteur des moeurs lui défendit de garder Hasdrubal dans sa maison. Amilcar prit alors le parti de donner sa fille en mariage à ce jeune homme ; il était dans leur moeurs, qu'on ne pouvait défendre à un gendre d'habiter avec son beau-père. Nous rapportons ce fait, ajoute Cornélius Nepos, parce que, après la mort d'Amilcar tué dans un combat, Hasdrubal devint le – 94 – chef de l'armée. Annibal ne prit le commandement qu'après la mort d'Hasdrubal assassiné par l'esclave d'un chef Lusitanien. Le fait raconté par Cornélius Nepos donne l'intelligence de la formation du nom d'Hasdrubal. Pressé qu'il était par l'inquisiteur des moeurs, Amilcar voulant faire cesser des bruits fâcheux et désirant toutefois garder Hasdrubal avec lui, se hâta de lui donner sa fille en mariage – to haste (heste), se hâter, – row (raou) bruit, – to pall (pâul), abattre, affaiblir. La présence d'Hasdrubal dans la maison de son père et son élévation à la tête de l'armée après la mort d'Amilcar durent être pour Annibal une source d'ennuis ; en effet, soumis au commandement se son beau-frère, l'essor de son génie militaire se trouvait continuellement comprimé. Aussi l'avait-on appelé avec raison Annibal, c'est-à-dire, ennuyé de mener la vie insipide d'un officier subalterne, – to annoy (annoï), ennuyer, – to pall (pâul) devenir insipide. Nous n'avons pas à rapporter les exploits de ce grand capitaine ; ils sont assez connus et ne sont point d'ailleurs utiles à notre dessein. La difficulté d'interprétation présentée par ces noms propres de généraux Carthaginois n'existe plus dans ceux des rois Numides et les expressions celtiques s'y déroulent avec la plus grande facilité. – 95 – Après la seconde guerre punique, Carthage avait tout perdu, son empire, ses richesses, son commerce : il lui restait à peine la vie, que Massinissa, chef de la Numidie et allié des Romains, cherchait à lui enlever. Ce numide, qui a vécu un siècle, se tenait encore nuit et jour à cheval, à l'âge de quatre-vingt-dix ans, harcelant les malheureux Carthaginois sans trève ni merci. Cavalier indomptable, Massinissa ne connaissait point le repos dans une maison ou dans les hôtelleries dont il faisait profession de se moquer, – mass, amas – to inn, loger dans une auberge, – to hiss, se moquer. « Après les victoires remportées sur les Carthaginois et la « prise des Syphax – to see (si), penser, – to face (fèce) « affronter, braver, – dont l'empire s'étendait au loin dans « l'Afrique, le peuple romain donna au roi Massinissa toutes « les villes et terres qu'il avait prises de sa main. » (1) Le vieux Numide demeura toujours l'allié fidèle des Romains et laissa son royaume à son fils Micipsa ; ses deux autres fils, Mastanabal et Gulussa, avaient été enlevés par la maladie. Salluste garde le silence sur leur vie, se contentant de les nommer et établissant seule- (1) Salluste, bell. Jug. – 96 – ment que Mastanabal était le père de Jugurtha. Mastanabal ne possédait pas sans doute la sauvage énergie de son père Massinissa, puisque son nom le déclare épouvanté de devenir le chef d'une nation si considérable, – mass, amas, assemblée, – thane (théne) chef, – to appal, effrayer.– Quant à Gulussa, son nom dénotait clairement ses habitudes de tromperie – to gull (gueull) tromper, duper, to use (iouse) habituer, se servir de –. Macipsa, devenu chef des Numides ne se fit connaître que par la faiblesse de son caractère, laissant perdre et manquant toutes les occasions favorables pour agrandir encore l'immense territoire légué par son père, – to miss, manquer, perdre, – to heap (hip) entasser, – to say (sé), dire, raconter–. Ce prince avait adopté son neveu Jugurtha et l'avait fait entrer en partage du royaume avec ses deux fils Adherbal et Hiempasl. Chéri des Romains à cause des qualité guerrières dont il avait fait preuve au siège de Numance, où Micipsa l'avait envoyé avec l'espoir secret de l'y voir périr, admiré comme le plus ardent chasseur de lions et le plus hardi cavalier de toute l'Afrique, Jugurtha était dévoré de l'ambition de posséder seul la Numidie. Comptant sur la vénalité des Romains, il fit d'abord assassiner – 97 – Hiempsal – to eye (aï) examiner, – to aim (ém) diriger, – sale (séle), vente, marché, – le plus jeune de ses rivaux. Adherbal le gênait encore ; car le Sénat avait partagé la Numidie entre lui et Adherbal. Jugurtha ajoute un autre crime, assiège, malgré l'opposition des Romains, Adherbal, dans une ville où il s'était réfugié, s'empare de ce dernier héritier de Micipsa et le fait périr dans les tourments, – to add, ajouter, – heir (hér), héritier, – to pall (pâul), abattre–. Jugurtha s'est donc élevé, par deux crimes affreux, jusqu'au trône de Numidie, et il était bien juste que son nom le rapportât aux générations futures – to juke (djiouke), s'élever, – to hurt (heurt), nuire, faire tort – Livré aux Romains par la trahison de Bocchus – to balk (bâuk), tromper – son beau-père, roi de Mauritanie – maw (mâu) panse, – to wear (ouér) porter, avoir sur soi pour l'usage, – to hit, frapper, – hand, main, – Jugurtha fut jeté dans un sombre cachot où on le fit périr par les tortures de la faim. Après la conquête de la Numidie par les Romains, des collèges furent établies dans les grandes villes africaines pour l'étude des lettres latines et grecques : néanmoins, la langue punique ne cessa point d'être parlée dans son intégrité ; et – 98 – ce qui le prouve, c'est le nom punique donné vers la fin du quatrième siècle après Jésus-Christ, au plus grand génie que l'Afrique ait produit, saint Augustin. A peine âgé de vingt-huit ans, possédant toutes les connaissances humaines enseignées à cette époque, il professait avec éclat la rhétorique à Carthage et quelques années après à Milan où il fut baptisé par saint Ambroise en 387. Intelligence élevée, avide de toute science et surtout de vérité, esprit subtil et pénétrant, ayant une parole entraînante et un raisonnement d'une logique inébranlable, saint Augustin méritait certainement le nom d'Aigle des assemblées, qu'on lui a donné avec justice et bonheur – hawk (hâuk), faucon, – hustings (heusstings), salle d'assemblée. III LANGUE KABYLE. Il est admis dans l'histoire que les Carthaginois se distinguaient des autres peuples par la finesse et la ruse. Mis au service de leur commerce, cet esprit de ruse avait produit une noire fourberie, et ce dernier vice était si bien connu que, pour exprimer la plus insigne mauvaise foi, on disait une foi punique ou carthaginoise. Cependant la – 99 – mauvaise foi n'appartenait point aux seuls Carthaginois et Gulussa, fils de Massinissa, nous a suffisamment édifiés sur la tromperie habituelle de ses moeurs et aussi de celles des Numides. Les Kabyles sont les descendans incontestés des Numides et sous une dénomination affectant une forme différente, les moeurs chicanières de ce peuple se montrent au grand jour s'accusant de la formation du nom de Kabyle – to cavil, chicaner.– Les Maures, relativement à la chicane, n'ont rien à envier aux habitants de la Grande Kabylie du Sud de l'Atlas. Les uns et les autres ne manquent aucune occasion de prouver combien sont grandes leur mauvaise foi et leur perfidie. Les Kabyles des montagnes algériennes méritent plutôt le nom de Berbers, qui leur est, du reste, attribué avec raison. D'une sobriété étonnante, quelques figues sèches et un peu de pain suffisent à leur alimentation, et leurs habitations, d'un dénûment extrême, marquent dans les moeurs de ce peuple l'habitude de la pauvreté et l'énergie à supporter la privation de tout bien-être – to bear (bér) supporter, – to bare (bére) dépouiller. Les Berbers montrent une grande honnêteté dans leurs relations. Elle provient sans – 100 doute de ce que, pendant plusieurs siècles, le christianisme a été florissant dans leur pays ; et cette cause est plus que suffisante pour que les moeurs d'un peuple accusent le changement profond opéré par la pratique exacte des préceptes évangéliques. Malgré le despotisme musulman qui les a saturés de mahométisme, les Berbers n'ont point perdu le souvenir de la religion chrétienne, et ils montrent avec orgueil la croix tatouée qu'ils portent sur leur main ou sur leur bras. Les traditions tiennent une grande place dans les moeurs des Kabyles algériens ; ce trait de ressemblance avec la famille celtique témoigne hautement de la vérité des assertions de Salluste. On peut voir fleurir encore au milieu d'eux la constitution qui régissait autrefois la Gaule et telle que César la décrite. « On a dit plusieurs fois, dit le général Daumas dans son « écrit La Kabylie, que la Kabilie était la Suisse de l'Algérie. « Si cette comparaison est juste au point de vue « topographique, elle ne l'est pas moins au point de vue de « la constitution politique. Considérée dans son ensemble, la « Kabylie est une agglomération de tribus qui se gouvernent « elles-mêmes, d'après des principes que la tradition et « l'usage ont introduits dans les moeurs. – 101 – « Mais ce qui distingue principalement l'organisation « fédérative de la Suisse de celle de la Kabylie, c'est, chez « la première, le caractère de permanence. La fédération, « n'étant chez la seconde qu'accidentelle, est réduite aux « proportions d'une alliance née des nécessités du moment « et qui cesse avec elles. Le caractère dominant de la « constitution Kabyle est donc l'indépendance absolue de la « tribu vis-à-vis des autres tribus ; chaque tribu, en un mot « forme un état séparé. » Cette organisation singulière des Kabyles algériens décèle évidemment l'influence gauloise s'exerçant au milieu des anciens Gaetules et Libyes, et il n'y a pas jusqu'aux traits de leur visage qui ne viennent confirmer la présence des Celtes dans le Nord de l'Afrique, puisque, dit encore le général Daumas, « beaucoup de Kabyles ont les yeux bleus et les cheveux roux. » On pourrait attribuer ces caractères naturels au mélange des envahisseurs Vandales : mais comme ce dernier peuple appartenait aussi à la famille de Gomer, il a dû reproduire plus fortement les caractères imprimés dans les Berbers par le premier mélange de sang gaulois. On a remarqué avec quelle facilité la langue punique, par ses jeux de mots, savait créer les noms propres d'hommes. Les noms communs – 102 – offrent aussi des combinaisons semblables et représentent en plusieurs monosyllabes associés, des phrases entières avec un sens rigoureux et précis. Nous choisirons dans la langue Kabyles quelques-unes de ces expressions pour que l'on puisse remarquer avec quel soin admirable les mots, substantifs ou verbes, sont composés. Les anciens habitant de l'Afrique du nord n'élevaient point probablement les abeilles, dont les essaims se propageaient en liberté dans le creux des troncs d'arbres ou les fentes des rochers. Ces abeilles, peu accoutumées au voisinage des hommes et des animaux, tourmentaient cruellement les voyageurs qui passaient près de leur demeure et troublaient par leurs piqûres cuisantes la tranquillité de leur marche. Tel est le sens du mot abeille, en Kabyle, thizizouith, au pluriel thizizoua – to tease (tize), tourmenter – ease (ize) tranquillité, – way (oué) chemin –. Nous employons pour cette interprétation le pluriel thizizoua ; toutefois en nous affranchissant des terminaisons propres au singulier ou au pluriel, le sens de thizizouith devient encore plus facile et plus clair, puisque c'est alors le bourdonnement de l'insecte qui importune et trouble le repos – to tease (tize) importuner, – ease (ize), repos – to whiz (houiz), bourdon- – 103 – ner. Le mot miel, en Kabyle tament, reproduit cette pensée que la douceur finit toujours par apprivoiser et dompter – to tame (tème), dompter, apprivoiser, to end, finir. Les termes puniques sont certainement l'expression exacte des habitudes de ces peuples, et cette vérité se manifeste avec puissance dans le verbe ramper, en Kab. mour'edh. Pour nous, ramper c'est avancer à la manière du serpent, mais pour un Numide, c'est s'engager dans les hautes herbes d'un marécage et aller de l'avant sans être aperçu – moor (mour), marécage, – to head (héd), conduire –. Le verbe accabler, en Kab. r'ot, nous dit ce que pense ce peuple d'un homme qui se laisse surprendre par la chaleur, raw (râu), neuf, sans expérience, – hot, chaud, brûlant ; – il faut être, en effet, sans expérience de leur soleil brûlant pour s'exposer à ses ardeurs à certaines heures du jour. Lorsque Salluste nous transmet que les Libyes et les Gaetules vivaient comme des nomades, il oublie de nous dire que la terre nue ne leur plaisait guère pour y prendre leur repos ; c'était vraiment une couche trop douloureuse ; aussi avaient-ils soin d'y remédier en étendant leurs membres fatigués sur une bonne « natte » en Kab. aguerthil, – to ake (éke), faire mal, – 104 – être douloureux, – earth (erth), terre, – to heal (hil), remédier à. Nous pourrions croire que les Numides, à cause de leur nature fougueuse, se plaisaient au bruit et aux querelles ; mais leur langage dément cette pensée ; car un homme se livrant au vacarme est un homme « abject » amekrouth, – to make (méke), faire, – row (raou), bruit vacarme –. Il y a, dans la langue Kabyle, bien des expressions monosyllabiques ; dans ces mots et leurs correspondants celtiques, il y a toujours une corrélation d'idées frappante. Ainsi moudre, en Kab. zed, se rapporte à to sate (séte), rassasier : embraser, en Kab. serr', dérive de to sear (sir), brûler : nuit, en Kab. idh, vient de to heed (hid), prendre garde : vilipender, en Kab. simes, isames, correspond à to shame (chème) faire honte. Ce peuple belliqueux connaissait la bonne épée de combat, et, retenue dans la main vigoureuse de ses guerriers, cette épée affilée retombait sur la tête de l'ennemi avec un sifflement aigu ; épée en Kab. se traduit par iskim, – to hiss, siffler, – keen (kin) aigu, affilé.– Le verbe abdiquer retient dans la langue numide un sens parfait : nous donnons, nous, à cette expression prise en soi, la signification – 105 – d'une renonciation volontaire au souverain pouvoir : les Numides y voient un héritier du trône, choisi parfois en toute liberté, et dans bien des circonstances reçu par force, c'est-à-dire imposé : abdiquer en Kab. se traduit par tekher, – to take (téke), prendre, recevoir, – heir (hér), héritier. Il n'est pas jusqu'à notre vulgaire salière, en Kab. thaqsoult, qui n'ait les honneurs d'un mot composé, – to take (tèke), prendre, – to salt (sâult), assaisonner de sel, saler. Nous pourrions ajouter d'autres mots Kabyles avec leur décomposition et leur signification en regard ; mais les exemples cités sont assez nombreux pour montrer dans la langue punique une dérivation parfaite du langage qui a précédé Babel. Nous ne devons point cependant terminer ce court aperçu, sans interpréter le terme aroumi appliqué par le Kabyle au Français. Pris collectivement, les Français sont connus, en Kabylie, sous le nom de Afransis ; mais le Français pris en soi est, pour le Berber, l'homme qui l'a dompté, qui l'a surpassé en valeur guerrière, devant qui il doit s'incliner comme on s'incline devant la supériorité, et pour renfermer dans un seul mot toute son admiration, le Français, c'est « le Grand » – aroumi, – roomy (roumi), grand –.
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