"Elle n'entrave pas nos possibilit\u00E9s mais nous emp\u00EAche effectivement de sombrer dans la folie. Voici pourquoi : L'\u00E9thique est l'ensemble des r\u00E8gles qui s'imposent \u00E0 nous moralement, selon une n\u00E9cessit\u00E9 qui n'existe que si on l'\u00E9prouve int\u00E9rieurement. Par exemple, supposons qu'une possibilit\u00E9 m'est offerte de tricher \u00E0 un concours pour devenir m\u00E9decin en \u00E9tant s\u00FBr que personne ne pourra me voir tricher. Cependant, je m'interdis de c\u00E9der \u00E0 cette tentation et donc je ne triche pas, parce que d'un point de vue \u00E9thique, \"on ne doit pas tricher\". M\u00EAme si mon int\u00E9r\u00EAt voudrait que je triche, m\u00EAme si je ne suis pas forc\u00E9ment capable d'en expliquer clairement la raison, je sens que je ne dois pas le faire. Voil\u00E0 ce qu'on appelle l'\u00E9thique. Mais ici, la r\u00E8gle \"on ne doit pas tricher\" comme toute v\u00E9ritable r\u00E8gle \u00E9thique n'est pas une \"entrave\" puisqu'on peut parfaitement la transgresser ou passer outre, \u00E0 la diff\u00E9rence d'un mur de prison ou de l'ordre d'un brigand qui me menace directement de son arme. En revanche, m\u00EAme si mon int\u00E9r\u00EAt apparent para\u00EEt \u00EAtre de tricher \u00E0 un concours en \u00E9tant s\u00FBr de ne pas \u00EAtre pris, mon int\u00E9r\u00EAt v\u00E9ritable demeure de vivre dans une soci\u00E9t\u00E9 o\u00F9 ceux qui r\u00E9ussissent les concours les ont d\u00FBment obtenus : qui aurait int\u00E9r\u00EAt \u00E0 \u00EAtre soign\u00E9 par un m\u00E9decin qui n'aurait obtenu son titre que par tricherie ? Personne, y compris celui qui croit qu'il aurait int\u00E9r\u00EAt \u00E0 tricher \u00E0 son concours. Donc, la r\u00E8gle \u00E9thique n'est pas une limitation de nos possibilit\u00E9s mais bien une augmentation de celles-ci, comme toutes les r\u00E8gles que l'on se donne (ce qu'on appelle des obligations). Une r\u00E8gle technique qui me dit comment faire un dessin en perspective est la condition pour r\u00E9aliser un tel dessin. L'absence de cette r\u00E8gle donne lieu quant \u00E0 elle \u00E0 l'impuissance de r\u00E9aliser ce dessin. En ce qui concerne la r\u00E8gle \u00E9thique, elle est la condition de possibilit\u00E9 d'un int\u00E9r\u00EAt plus grand que celui qu'on obtiendrait en choisissant d'aller contre elle. C'est ici surtout la position utilitariste qu'on trouve chez les h\u00E9donistes comme \u00C9picure ou Mill. Mais au del\u00E0 des cons\u00E9quences possibles de l'acte immoral, toujours en partie incertaines, on peut comprendre que certains hommes soient capables de vouloir suivre la r\u00E8gle \u00E9thique alors que la tentation de faire le contraire est forte. Ils ne mentent pas, ne tuent pas, ne trichent pas parce qu'ils sentent en effet la contradiction interne qu'il y a \u00E0 vouloir une chose et son contraire, comme celui qui ment aux autres mais qui veut qu'on lui dise la v\u00E9rit\u00E9, ou celui qui tue et qui veut qu'on respecte son droit de vivre ou enfin celui qui triche avec les autres mais qui ne peut vouloir qu'on triche \u00E0 ses d\u00E9pens. Kant y voit un sens moral qui serait parfaitement d\u00E9sint\u00E9ress\u00E9 chez l'homme, capable de vouloir le bien parce que c'est bien et non parce que \u00E7a lui fait forc\u00E9ment du bien. Je pense pour ma part qu'il s'agit l\u00E0 plut\u00F4t d'une sorte d'instinct de conservation non pas physique mais psychique, plus pouss\u00E9 chez les personnes \u00E9thiques que chez celles qui n'ont pas d'\u00E9thique. On peut d\u00E9truire en effet son propre corps en lui faisant faire ce qui lui est contraire, comme par exemple fumer tous les jours du goudron associ\u00E9 \u00E0 de la nicotine ; mais on peut aussi d\u00E9truire son propre psychisme en voulant ce qui nous d\u00E9truit psychiquement \u00E0 terme : la contradiction. La contradiction ne nous rend pas fou imm\u00E9diatement, mais personne ne peut rester durablement en bon \u00E9tat psychique, c'est-\u00E0-dire en paix avec lui-m\u00EAme, s'il veut une chose et son contraire. L'accord avec soi-m\u00EAme, qu'on soit \u00E9picurien ou kantien, donc au del\u00E0 de la question de l'int\u00E9r\u00EAt qu'on trouve dans ses cons\u00E9quences, reste la condition m\u00EAme pour que notre volont\u00E9 puisse s'exercer. Le principe g\u00E9n\u00E9ral de l'\u00E9thique, qui consiste \u00E0 rechercher l'accord avec soi-m\u00EAme autant que possible, et toutes les r\u00E8gles qui en d\u00E9coulent, ne peut donc en aucun cas \u00EAtre une entrave \u00E0 l'exercice de notre volont\u00E9, au contraire. Cat\u00E9gorie:Philosophie Cat\u00E9gorie:Questions ayant re\u00E7u une r\u00E9ponse"@fr . "L'\u00E9thique est-t-il une chose n'entravant que nos possibilit\u00E9s ou nous emp\u00EAchant de sombrer dans la folie"@fr . . . "Elle n'entrave pas nos possibilit\u00E9s mais nous emp\u00EAche effectivement de sombrer dans la folie. Voici pourquoi : L'\u00E9thique est l'ensemble des r\u00E8gles qui s'imposent \u00E0 nous moralement, selon une n\u00E9cessit\u00E9 qui n'existe que si on l'\u00E9prouve int\u00E9rieurement. Par exemple, supposons qu'une possibilit\u00E9 m'est offerte de tricher \u00E0 un concours pour devenir m\u00E9decin en \u00E9tant s\u00FBr que personne ne pourra me voir tricher. Cependant, je m'interdis de c\u00E9der \u00E0 cette tentation et donc je ne triche pas, parce que d'un point de vue \u00E9thique, \"on ne doit pas tricher\". M\u00EAme si mon int\u00E9r\u00EAt voudrait que je triche, m\u00EAme si je ne suis pas forc\u00E9ment capable d'en expliquer clairement la raison, je sens que je ne dois pas le faire. Voil\u00E0 ce qu'on appelle l'\u00E9thique."@fr .